Dans le présent article, vous trouverez les résultats de mes travaux sur les gélatines photo-sensibilisées sans bichromate. Rares sont les publications qui ont été faites en ce domaine visant à se passer des bichromates toxiques pour préparer une plaque d’impression pour la phototypie. Est-il possible d’utiliser un réactif peu toxique, voire non toxique ? Cette question est intéressante compte tenu des dangers que représentent les bichromates.
Diazidostilbene « DAS » – (CAS: 2718-90-3) : (1) – Vente de diazidostilbene dans la boutique
– Comment utiliser le diazidostilbene en remplacement des bichromates pour la phototypie :
Pour obtenir une sensibilisation de la gélatine équivalente à celle qu’on obtient avec le bichromate, la quantité de DAS doit être sensiblement égale. Contrairement à ce qui est annoncé pour la photo charbon où seulement 1/3 du poids équivalent bichromate semble suffisant, la quantité est légèrement supérieure pour cornifier correctement la gélatine de la matrice phototype. En cas d’insuffisance de DAS, il y aura bien formation complète de l’image, mais l’encrage se fera avec difficulté.
Le diazidostilbene est très sensible à la lumière, y compris à la lumière blanche. Les opérations se font donc en lumière inactinique, idéalement avec lampe au sodium basse pression. L’insolation UV doit être sensiblement plus intense. Pour ma part, pour obtenir une insolation identique à celle obtenue avec le bichromate, j’ai supprimé l’une des deux feuilles de calque que j’intercale entre le négatif et la vitre de l’insoleuse. J’ai conservé des durées d’insolation UV identiques. Après l’insolation UV, l’image est nettement visible sur la plaque, d’une couleur orangée, alors qu’avec le bichromate elle est plutôt brune.
Après la sensibilisation UV, la plaque doit être révélée dans un bain oxydant. Contrairement à ce qui est fait avec la gélatine bichromatée, elle ne peut pas être directement plongée dans l’eau pour dégorger car dans ce cas il n’y aurait pas formation de l’image. Pour ma part, alors que d’autres utilisateurs du DAS qui emploient une solution de permanganate de potassium, j’emploie une solution aqueuse de peroxyde d’hydrogène qui est tout aussi efficace et non toxique.
Ce premier bain de révélateur est suivi d’un bain d’eau pure puis d’un troisième bain d’eau auquel on ajoute du sulfite de sodium et du meta-bisulfite de sodium pendant quelques minutes. A l’issue, toute trace de DAS dans les parties non insolées est enlevée. Seule l’image demeure de couleur orange, mais cela est sans incidence pour la suite des opérations. La plaque est alors mise à rincer dans l’eau froide pendant environ une heure. Il n’y a pas de dégorgement comme avec le bichromate. C’est un gain de temps.
Conclusions : le diazidostilbene est un photo-sensibilisateur qui fonctionne pour la phototypie. Il n’y a pas de différence visible sur le résultat obtenu au point de vu de l’échelle des gris. Le travail en lumière inactinique représente une difficulté surmontable. Les opérations de développement viennent s’ajouter alors qu’elles n’existent pas avec le bichromate, mais la durée totale de préparation des plaques s’en trouve raccourcie du fait que la durée de rinçage dans l’eau pure après le bain de sulfites peut être ramenée à 1 heure.
Note pour la photo charbon : Il n’y a pas de difficultés avec l’emploi du diazidostilbene. La seule obligation est le travail en lumière inactinique jusqu’au bain de sulfites. La couleur légèrement orangée de l’image (visible sur la gélatine non pigmentée) peut éventuellement influencer les pigments clairs. Le diazidostilbene est donc un photo-sensibilisant non toxique pouvant sans difficultés particulières être utilisé pour la photo charbon.
(1) Le DAS est un composé aromatique qui peut être utilisé pour sensibiliser la gélatine et d’autres colloïdes dans les procédés d’impression photographiques divers – processus qui historiquement utilisaient le bichromate d’ammoniaque ou de potassium. Contrairement au bichromates, le DAS est non-toxique, non-cancérigène, n’a pas de réaction sombre, et les colloïdes avec lesquels il entre en composition peuvent être stockés durant de longues périodes en conservant intacte leur capacité photosensible.